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Politique de la santé ciblée sur des groupes de patients: limites, avantages et liens

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Jeroen Tas – À l'occasion du congrès annuel de la HIMSS qui se tiendra ce mois-ci, il a notamment été question des profondes modifications qui s'avèrent nécessaires dans le secteur de la santé pour pouvoir relever les défis sociétaux majeurs. À la vue des statistiques médicales mondiales, même un non-initié peut constater l'urgence de la situation. Les pays du monde entier font face à une population en pleine croissance démographique mais vieillissante, ce qui s'accompagne d'une prolifération rapide des malades chroniques. Malheureusement, mon père et ma fille sont tous deux victimes d'une maladie chronique. Et comme je souffre moi-même d'hypertension, je fais partie d'un groupe à risque. Le profil sanitaire de notre famille est loin d'être une exception.

Aux États-Unis, de nombreux prestataires de soins ont mis en œuvre des programmes axés sur des groupes cibles afin d'améliorer la santé des personnes à risques (Population Health Management, PHM). Pour ce faire, ils facilitent l'accès aux soins des patients et optent pour un modèle proactif plutôt que réactif, c'est-à-dire qu'il s'agit de prévenir et de maintenir un bon état de santé plutôt que de traiter les maladies qui apparaissent. L'objectif de cette approche est de permettre à tout un chacun d'être aux commandes de sa santé, dans le but de réduire le nombre et la durée des admissions à l'hôpital et de prévenir les rechutes à l'aide de programmes de soins ambulants. Ces programmes permettent également aux personnes âgées de vivre plus longtemps chez elles plutôt que de devoir intégrer des maisons de santé ou de repos.

Premier obstacle: l'adaptation à l'ère numérique
 

L'adaptation aux changements provoqués par l'introduction de nouvelles méthodes de travail constitue l'un des principaux obstacles à la réussite des politiques de la santé ciblées sur des groupes de patients. Il sera par exemple nécessaire de coopérer au sein d'équipes multidisciplinaires afin de pouvoir prodiguer des soins à distance et partager une description claire du suivi du patient entre les différents établissements de soins. Tout changement adaptatif est pénible, car il exige d'adapter les processus, les rôles et les responsabilités de chacun, ce qui implique de laisser de côté les anciennes motivations et de soumettre toutes les parties concernées à de nouveaux apprentissages. Le secteur des soins de santé fait souvent confiance, à juste titre, à des pratiques scientifiques simples et éprouvées qui garantissent la sécurité des patients et la qualité des soins. Si ces pratiques se sont avérées très efficaces dans le passé, elles doivent aujourd'hui être adaptées à l'ère numérique si nous voulons véritablement avancer.


Comme lors de chaque nouvelle initiative, la mise en œuvre des changements ne peut réussir que si nous redéfinissons les paradigmes et les capacités de base de l'organisme concerné. Ce processus nécessite un accompagnement et une expertise sur mesure, des stratégies claires pour garantir de bons résultats à court terme, et l'introduction de nouveaux modèles pour le long terme.

 

Deuxième obstacle: adaptation du modèle de rémunération

Le deuxième obstacle réside dans les adaptations nécessaires du modèle de rémunération. Les modèles de soin actuels remontent aux années 1950 et 1960 et reposent sur le principe du versement d'une rémunération pour un service fourni (“fee for service”). Ils visent essentiellement le traitement des maladies, et pas uniquement la promotion de la santé. Un tel modèle de soin n'incite pas suffisamment à mettre en place des stratégies de soins préventifs visant à prévenir les admissions à l'hôpital. En outre, ce modèle implique moins le patient dans son traitement. Par ailleurs, les patients ne sont pas suffisamment encouragés à prendre le contrôle de leur propre santé.

Troisième obstacle: être impliqué dans sa propre santé

Le troisième obstacle est la transition vers des soins proactifs et axés sur les personnes. Les politiques de santé axées sur des groupes de patients ne peuvent parvenir à leurs fins que si les patients et le personnel soignant sont impliqués dans le traitement. Les facteurs de santé les plus importants sont le comportement du patient, les éventuels aidants familiaux et enfin le personnel soignant professionnel. Pour être efficaces, les politiques de santé axées sur des groupes de patients nécessitent des stratégies permettant d'interpeller les consommateurs et les patients individuels à chaque étape de leur vie (enfance, puberté, âge adulte et vieillesse), plutôt que d'agir uniquement lorsqu'une maladie survient.



Si l'on parvient à entrer en contact avec les gens de façon efficace et à les laisser gérer indépendamment leur propre santé, nous pouvons exercer une influence positive sur leur comportement. Ce type de changement commence à se distinguer de nos jours, en particulier au sein des plus jeunes générations. Indubitablement, la technologie jouera à cet égard un rôle déterminant, à mesure que les organismes associeront de plus en plus les soins à distance aux appareils “connectés”, systèmes informatiques portables et analyses de données prospectives. Ils trouveront ainsi l'équilibre idéal entre les technologies avancées et une approche axée sur l'humain.

Les technologies informatiques font d'ores et déjà la différence dans le domaine des soins intensifs. Les établissements hospitaliers s'efforcent de diminuer les coûts et d'améliorer les résultats des soins prodigués aux patients. Souvent, le personnel dirigeant privilégie le service des soins intensifs, car il peut être associé à plus de 50% des décès et à plus d'un tiers des frais totaux d’hôpital. Grâce à un programme connecté au service des soins intensifs, les médecins travaillent par exemple conjointement avec une équipe de spécialistes qui fournissent des soins à distance. Les patients sont constamment surveillés, et toute rechute éventuelle sera signalée le plus rapidement possible afin de pouvoir être prise en charge avant l'apparition de problèmes graves. La semaine dernière, Philips a déclaré avoir conclu plusieurs accords avec quatre autres prestataires de soins de santé majeurs aux États-Unis qui souhaitent améliorer leurs services à l'aide de nos programmes d'eICU.

 

Bien que les membres de la “génération Y” utilisent vraisemblablement sans difficulté les appareils de surveillance portables ainsi que les nouveaux outils favorisant la participation des patients, il existe un groupe de patients qui représente un défi majeur et offre d'énormes opportunités: les personnes âgées souffrant de plusieurs maladies chroniques. Ces “grands consommateurs” de soins de santé ne constituent pas seulement le groupe le plus problématique en ce qui concerne les prestations de soins; ils sont également les patients les plus vulnérables... et de loin les plus onéreux. Même s'ils ne représentent que 5% du nombre total de patients, ils sont responsables de plus de la moitié des dépenses annuelles liées aux soins de santé. Au sein de ce groupe, un simple changement de comportement peut permettre de réaliser d'importantes économies.

 

On peut aisément imaginer qu'un centre de soins virtuel surveille non seulement les lits présents dans les services de soins intensifs ou dans un service hospitalier quelconque, mais aussi les patients à domicile. Nous évaluons actuellement les possibilités d'amélioration de l'accès aux soins et aux méthodes pour établir une “santé connectée” grâce à la coopération entre les personnes âgées, les aidants familiaux et les prestataires de soins professionnels dans un environnement numérique permettant d'offrir des soins personnalisés grâce à diverses sources de données.

Quatrième obstacle: possibilité de collecte, de compilation, d'analyse et de partage des données

Les données médicales représentent à la fois le dernier obstacle et la meilleure opportunité pour améliorer l'efficacité des politiques de la santé ciblées sur des groupes de patients. Les données disponibles en matière de santé sont plus nombreuses que jamais, mais les organismes de soins peinent à les enregistrer, à les normaliser et à en faire des informations fiables et utiles. Sans point de vue clinique, les données elles-mêmes sont dénuées de sens. Réduire le patient à une suite de chiffres ne permet pas de l'aider efficacement.

Les politiques de santé axées sur des groupes de patients ne sont efficaces que si les organismes peuvent collecter les données, les compiler, les analyser et les répartir en divers critères ayant une influence sur la santé d'une personne, à l'aide d'un nombre croissant d'applications et d'appareils interconnectés. Au moyen d'outils d'analyse prospective, les prestataires de soins de santé peuvent par exemple améliorer la surveillance des patients et les soins qui leur sont prodigués en combinant les renseignements utiles avec des systèmes informatiques portables et des appareils de surveillance.

 

Heureusement, aucun de ces obstacles n'est insurmontable, mais il faut toutefois les supprimer petit à petit si nous souhaitons progresser. Pour ce faire, nous devons faire usage de programmes efficaces, d'une technologie innovante, d'analyses de données et surtout d'une approche humaine. Étant donné l'ampleur et la portée des modifications nécessaires, toutes les parties intéressées (consommateurs, entreprises et organismes de soins) doivent rassembler leurs forces et adopter un nouveau regard sur les écosystèmes du secteur des soins de santé.

 

Enfin, il nous faut faire preuve d'autocritique et identifier les obstacles qui nous ralentissent. Je suis convaincu que, sur le long terme, nous pourrons parvenir à de meilleurs résultats en analysant nos techniques de soin et en incitant les prestataires de soins, les consommateurs, les autorités et les entreprises à collaborer pour trouver une solution tous ensemble.

Jeroen Tas CEO, Connected Care and Health Informatics, Philips
 

Jeroen Tas, CEO de la division Connected Care & Health Informatics de Philips, jouit d'une expérience internationale de plus de 30 ans en tant qu'entrepreneur et cadre dans les secteurs des soins de santé, des technologies informatiques et des services financiers. Au sein de Philips, il est chargé d'élaborer des systèmes de surveillance des patients ainsi que des procédures de soin personnalisées et axées sur les groupes spécifiques. Il est également responsable de l'informatique clinique et des segments de marché émergents.

Au sein de Philips, Jeroen encourage le développement d'outils de soin numériques qui donnent lieu à des soins “connectés” axés sur le patient, tout en aidant les prestataires de soins, les hôpitaux et les systèmes de soins de santé à obtenir de meilleurs résultats à tous les niveaux, du style de vie plus sain aux soins à domicile. Cette vision se reflète dans les efforts mis en place par Philips pour proposer des soins plus accessibles, des coûts réduits et une qualité accrue dans tous les domaines du spectre de la santé.

 

Avant d'avoir été nommé à son poste actuel, Jeroen était le CEO de Philips Healthcare, Informatics Solutions Services. Il était alors en charge des activités dans le domaine des soins numériques et de l'informatique clinique. En sa qualité de Chief Information Officer (CIO) de Koninklijke Philips N.V., il était à la tête des activités informatiques mondiales du groupe. Grâce aux efforts déployés par Jeroen et son équipe, les technologies de l'information sont désormais essentielles à la croissance de Philips en tant qu'entreprise interconnectée qui opère en temps réel.

 

Il a été le cofondateur, président, COO et vice-président du Conseil d'administration de MphasiS, une société d'informatique et de prestation de services BPO (externalisation des processus d'affaires) dont le chiffre d'affaire est supérieur à 1 milliard de dollars US. MphasiS a été rachetée par HP en 2006. De 2007 à 2008, il a été vice-président et directeur général d'EDS, où il était responsable des Centres de compétences à l'échelle mondiale.

 

Avant d'occuper son poste chez MphasiS, Jeroen dirigeait Transaction Technology, Inc., le laboratoire technologique de Citigroup, où il se chargeait d'élaborer des systèmes orientés clients innovants pour la banque, notamment les services bancaires en ligne et les appareils de libre service. Au cours de sa carrière, il a occupé des postes dans le domaine du marketing international et de la gestion de projets chez Digital Equipment et chez Philips aux États-Unis, en Europe et en Asie.

 

Jeroen a reçu en 2004 le “Prix de l’entrepreneur de l’année” de Ernst&Young dans la catégorie “Technologies de l'information” pour la région de New York. De nombreux autres prix lui ont également été décernés: CIO néerlandais de l'année 2013, NASSCOM Global CIO 2014, CIO Leadership 2014 du World Innovation Congress, CIO Net European CIO of 2014, IT Executive 2014 Award et Accenture Innovator of the Year 2015 Award.

 

Jeroen Tas est né aux Pays-Bas et a obtenu son diplôme de master en sciences informatiques et en gestion d'entreprise à la Vrije Universiteit d'Amsterdam.

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